A qui ressemblera le 45ème président des États-Unis dont l’élection se joue aujourd’hui de l’autre côté de l’Atlantique ? Si je n’ai pas la réponse à cette question, je peux déjà vous dire à quoi ressemblera vraisemblablement sa photographie quand elle sera publiée en une de la presse ces prochains jours.
Le nouveau président sera souriant, quelque soit l’angle de prise de vue.
Le nouveau président sera peut-être entouré de sa famille, toujours avec le sourire.
Le nouveau président lèvera peut-être le bras, surtout si sa photographie est publiée en une du quotidien Libération qui reste sur trois présidents la main vers le ciel.
Ou alors le président sera “mal” élu comme Georges W. Bush en 2000 et là, la photographie sera plus floue.
Outre le clin d’œil ce rapide survol de 50 ans d’iconographie politique montre à quel point les échéances électorales sont le matériau idéal pour la presse car elle lui offre deux éléments essentiels à toute bonne histoire : la périodicité et la dramatisation. Périodicité car par définition les élections se tiennent à intervalle régulier et selon des principes établis et reconnus par tous (la campagne, le jour du vote, l’annonce des résultats) ; dramatisation car l’élection est le moment de l’affrontement entre deux candidats, entre deux hommes, de la rencontre de trajectoires individuelles avec l’histoire officielle. Du moins c’est comme ça qu’elle est présentée. Les échéances électorales offrent ainsi un point de vue particulièrement intéressant pour observer la façon dont se construit l’information, en particulier visuellement, depuis cinquante ans.
Rendez-vous demain pour connaître le visage de ce président dont la photographie est déjà quasi faite.
MàJ du 7 novembre 2012 9h00 : c’est un Barack Obama réélu pour un second mandat et tout sourire en une de Libération ce matin. Mais il semblerait bien qu’en 2012 la photographie de la victoire est ailleurs. A noter que cette photographie est une photographie de “stock” réalisée par Pete Souza, photographe officiel de la Maison Blanche, en juillet 2011. Comme un symbole de cette presse qui a perdu la bataille de l’événementiel.
MàJ du 7 novembre 2012 17h30 : la série des unes de ce lendemain de victoire pour Barack Obama s’enrichit. Peu de surprise jusqu’à maintenant.